LE CŒUR
J'ai le cœur gros.
Il me semble avoir tant d'amour à offrir.
Et pourtant.
J'ai l'impression que personne ne voit.
Un jour, j'ai décidé d'aller voir de plus près.
J'y ai découvert un cœur meurtri.
Doucement, lentement, avec délicatesse j'ai entrepris
d'ouvrir la carapace recouvrant mon cœur.
Dès que le couteau traversât le bouclier protecteur….
Tout explosa et le cœur se déchirât. Un tsunami.
J'y ai découvert un cœur meublé de solitude, de blessures
et de divers sentiments.
Le rejet dans la pointe du cœur, le sentiment d'abandon
caché derrière. Le besoin d'être reconnue et celui d'être
aimée se tenaient par la main.
Les sentiments d'être incomprise, de déception, de trahison,
d'humiliation et d'injustice formaient une ronde entourant
la table de peine.
Sur la table, quelques petits pots remplis de colère et
d'amertume. J'ai laissé la rancœur s'enfuir d'un des pots.
Le tout bien installé sur le tapis de la tristesse.
Toutes les émotions et les sentiments bousculés par la déchirure,
il fut impossible de tout remettre et de recoudre le cœur.
Je me suis assise dans le fauteuil berçant de la patience et j'ai
commencé la douloureuse et libératrice opération de la communication
et de l'amour de soi par l'écoute de chacun.
Il fallait tout remettre en ordre laissant une fenêtre ouverte et
la porte entrouverte à la possibilité d'échanges futurs, pour
laisser entrer et sortir la lumière et l'amour.
Un à un, j'ai bercé, le sentiment d'abandon installé derrière
le rejet, ce sentiment qui avait tellement manqué d'un besoin
si important, voire fondamental.
La trahison et l'humiliation étaient dissimulées sous l'immense
nappe du sentiment d'injustice.
Après un très long moment d'écoute, d'accueil, de compréhension
et de compassion, j'ai compris et j'ai appris certaines choses.
Entre autre, que le jugement n'est que le miroir de nos blessures
incomprises et laissées pour compte.
Il me restait la peine, le grand tapis de la tristesse. En le soulevant,
j'ai découvert la joie qui tentait par tous les moyens de s'évader de
ce lourd tapis.
Je me suis accroupie avec un pot à la main puis j'ai amassé, grain par
grain les peines accumulées.
J'ai pris le pot rempli, l'entoura d'une couverture de chaleur humaine
et d'amour et le berça pendant des jours entiers.
Mon cœur s'en est retourné au centre de mon corps dans un calme serein.
Fragile, meurtri et rapiécé au fil d'or.
Toujours ouvert avec un voile de prudence à la fenêtre, il laisse entrer
et accueillir l'amour par les rayons de soleil.
Il n'est plus toujours près d'éclater, il peut laisser sortir tout l'amour
emmagasiné, mais bien rangé au centre de la grande pièce maintenant meublée
de tendresse, de compassion, d'écoute, d'empathie et de gratitude sur le
nouveau tapis de la joie.
Prêt à accueillir et à offrir, mon cœur n'est plus gros…. Il est grand et surtout libéré.
Il aime.
Je vous aime.
Carole